L’art du prompt, nouvelle compétence du marketeur moderne ? En agence, les postes de prompt engineering commencent en tout cas à fleurir ! Nous l’avons évoqué dans l’article consacré aux apports (ou non) des agents conversationnels en matière de content marketing, les outils d’intelligence artificielle générative, tels que ChatGPT, deviennent de véritables assistants rédactionnels (au sens large), efficaces et performants. À condition de savoir donner à la machine les bonnes consignes au préalable. Au sein du cabinet Gtec, nous avons essayé, testé, modifié… afin d’identifier les bonnes pratiques et les principaux écueils pour la rédaction de “bons prompts”. Quels sont-ils ? Partage d’expérience…
Comprendre et maîtriser les fondamentaux des prompts
Quelques considérations techniques pour commencer : les modèles de langage des IA génératives sont des systèmes informatiques qui utilisent des techniques d’apprentissage automatique, en particulier les réseaux neuronaux, pour comprendre et générer du texte en langage naturel. Ils sont utilisés dans de nombreuses applications de traitement du langage naturel et sont constamment améliorés pour des performances accrues.
Le “prompt » est le terme utilisé pour décrire une instruction ou une consigne donnée à un modèle de langage comme ChatGPT. Le modèle utilise ce prompt comme point de départ pour comprendre ce que vous voulez. Il génère ensuite une réponse en utilisant ses connaissances préalables (basées sur l’apprentissage à partir de grands volumes de texte) pour produire une réponse pertinente et informative. Cette dernière est générée mot par mot, en prenant en compte le contexte global du prompt.
La qualité de la réponse dépend donc de la clarté et précision de votre prompt et du modèle lui-même. Il peut parfois être nécessaire d’itérer et d’ajuster le prompt pour obtenir la réponse souhaitée, nous en reparlerons plus loin.
Une “bonne rédaction” de prompts permet de répondre à divers besoins du content manager. Les agents conversationnels viennent en support de tâches à faible valeur ajoutée ou répétitives, qui permettent aux marketeurs de se concentrer sur leur cœur de métier – la stratégie ou la conception/rédaction à haute valeur ajoutée . Établir un plan, comprendre une notion, la vulgariser, faire une synthèse ou rédiger des courts textes, comme les méta descriptions ou des posts LinkedIn… : les IA peuvent intervenir en amont ou en aval de la rédaction de contenus.
Comment rédiger un bon prompt ? C’est le sujet qui fait le buzz depuis plusieurs mois. Et en matière de communication/marketing, pas de secret, il ne peut y avoir de bon prompt s’il n’y a pas de bon brief !
Exploiter pleinement les capacités du prompt
Les do
De notre propre expérience, nous avons tiré quelques bonnes pratiques pour rédiger LE prompt qui fonctionne :
Être complet dans l’énoncé en couvrant le champ des 5 W
What : sujet, thématique, mot clé
Who : indiquer qui est l’émetteur et qui est le récepteur/la cible
Why/What : raison et objectif poursuivi, tout ce qui a trait au contexte
Where : canal de communication
Détailler son prompt
Corollaire du point précédent : vous devez faire preuve d’exigence dans la formulation de votre demande pour que l’IA apporte une réponse la plus précise possible. Détaillez au maximum : la longueur de texte attendue, le format (paragraphe, plan, liste) et le ton que vous souhaitez (professionnel, expert, humoristique, décalé)… N’hésitez pas également à lui fournir des sources pour le nourrir, l’amener à synthétiser et ensuite construire sa réponse.
Une question se pose très vite : la longueur du prompt. Effectivement, un prompt efficace ne tient pas en deux ou trois lignes. Pour autant, vous pouvez segmenter votre demande en plusieurs sous-prompts, en veillant à ne pas perdre l’IA dans la construction logique de vos prompts (ou de vos sous-prompts, vous suivez toujours ?) Un bon prompt s’élabore dans une logique d’itération, parce que c’est ainsi que l’outil travaille dans une logique d’apprentissage.
Utiliser des mots simples et courants, des phrases courtes
Attention à l’orthographe et à la grammaire pour éviter les contresens
Et oui, même si les petites coquilles sont ignorées par l’IA.
Itérer
Si la première réponse proposée par l’IA n’est pas suffisante, trouvez ce qui a amené cette erreur d’interprétation et questionner à nouveau votre outil. ChatGPT prend en compte toutes les commandes envoyées dans une conversation, vous pouvez (pour ne pas dire “devez”) enrichir la consigne initiale et itérer : identifiez ce qu’elle a manqué, afin qu’elle puisse corriger.
Les don’t
Utiliser l’IA comme un moteur de recherche
L’erreur commune est d’envisager ChatGPT comme Google : vous entrez des mots-clés, sans contexte, pour obtenir la réponse de l’IA. Or, nous l’avons évoqué, ces outils ont besoin de détails et de précisions. Ce qui nous amène à notre second écueil :
Prompter sans intention précise
“Prompter, c’est savoir briefer”. Au risque de nous répéter, avec ChatGPT, Bard ou n’importe quel outil d’IA générative, vous devez apporter un maximum d’informations à votre prompt, pour lui décrire ce que vous souhaitez : sujet, angle, ton, … Chaque détail a son importance, à l’instar d’un brief pour un projet. Et c’est là même que réside la place de l’humain dans l’interaction avec la machine !
Surmonter les défis potentiels de l’utilisation de l’IA
Aussi “parfait” ou travaillé sera votre prompt, il amènera toujours l’IA à formuler des réponses qui comportent des biais inhérents à l’utilisation des intelligences artificielles. Les modèles de langage sont pour la plupart formés sur une base de connaissance occidentale, d’inspiration libérale et anglo-saxonne. De plus, ils sont entraînés depuis des données textuelles existantes, pouvant donc refléter les préjugés et les stéréotypes présents dans ces données.
Bien sûr, les modèles de langage n’ont pas de conscience éthique. Ils génèrent du texte en fonction des données qu’ils ont apprises, sans discernement moral. Autrement dit, ils peuvent contribuer à diffuser des idées nuisibles ou illégales, bien que la politique d’utilisation d’OpenAI par exemple interdise expressément l’utilisation de ChatGPT pour “générer du contenu illégal, haineux, menaçant, harcelant, diffamatoire, vulgaire, obscène, violent, incitant à la violence, raciste, sexiste, discriminatoire, ou tout autre contenu qui enfreint les droits d’autrui”.
Restent les risques de désinformation. ChatGPT est un modèle basé sur l’apprentissage automatique : l’IA peut générer des réponses en se basant sur de fausses informations et induire en erreur les utilisateurs sur leur véracité. Comme d’autres, il peut être utilisé pour générer des fausses informations et les propager sur les réseaux sociaux.
Enfin, si vous vous intéressez aux IA génératives, vous entendrez certainement parler des risques d’hallucination. Ces outils se réfèrent à une base de données limitée : s’ils ne savent pas répondre à votre requête, ils vont tenter de deviner la réponse en utilisant les données connues. Et en vous proposant des réponses approximatives ou …. parfois complètement fausses. Soyez conscients qu’il est nécessaire de vérifier les informations auprès de sources fiables.
Vous l’aurez compris, la qualité de réponse de l’IA est directement liée à la qualité du prompt que vous aurez conçu. Il devient alors décisif, et par conséquent indispensable, de développer vos compétences en termes de “prompt”. Comme souvent, votre sens critique restera votre meilleur allié, et c’est là aussi tout l’intérêt de la démarche !