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Autodidacte et inventeur d’une multitude de gadgets, Roland Moreno, est décédé le 29 avril à l’âge de 66 ans, laissant derrière lui une technologie qui a révolutionné les usages.
Les innovations de Roland Moreno
Tour à tour inventeur, journaliste-reporter, employé auprès du ministère des Affaires sociales ou encore garçon de courses à « l’Express », ce bidouilleur hors pair aime s’abandonner à sa passion qui consiste à inventer des machines plus ou moins farfelues : appareil à faire sauter des billes, mécanisme à tirer à pile ou face ou encore le « Radoteur », logiciel basé sur un algorithme – de sa composition – qui génère automatiquement des mots nouveaux à partir d’une ou plusieurs listes de mots issus du dictionnaire.
C’est au début des années 1970 que Roland Moreno décide de vendre ses idées. Pour cela, il créé sa propre société : Innovatron. Dans un premier temps, l’entreprise commercialise uniquement des noms de marques ou de produits (avec l’aide du Radoteur) pour des sociétés en manque d’identité. Mais lorsqu’en 1974 Intel sort son premier microprocesseur, le 4004, notre passionné d’électronique souhaite développer une innovation technologique capable de traiter et d’enregistrer des données en toute sécurité. Il invente alors la carte à puce qui va révolutionner et simplifier la vie de millions de consommateurs.
Même s’il avouera en 2006 à France Soir : « J’ai trouvé la solution dans mon sommeil en rêvant. En vérité je suis un gros paresseux et j’ai une très faible productivité », son innovation fait partie de notre quotidien : carte téléphonique, carte bancaire, carte Vitale, carte Navigo, mais aussi la petite carte SIM utilisée dans tous les téléphones portables. Il déposera en tout et pour tout 45 brevets.
« Je le dis sans aucune modestie. J’ai facilité la vie des gens, de la carte des téléphones mobiles à la carte Vitale, en passant par la Carte bleue. Mais je ne mérite pas pour autant le prix Nobel, la puce n’est pas une découverte mais une invention ».
Des innovations pas toujours bien exploitées
Mais dans les années 1990, le patron d’Innovatron a du mal à s’adapter à un marché en pleine expansion : trente de ses brevets tombent dans le domaine public après 20 ans d’existence. Malmené par ses actionnaires, stigmatisé par ses salariés, Roland Moreno ne s’avoue pas vaincu pour autant, et souhaite tirer profit des 15 brevets restants. Il tente alors de diversifier son activité et organise pour cela sa société en plusieurs départements : Innovatron Systèmes Urbains (commercialisation de système de gestion de zones piétonnes et parcmètres), Innovatron Télécommunication, Innovatron Sécurité Informatique, etc. Notre bidouilleur développe même un réseau de franchise (Innovatron Data Systems) dans le but de créer des partenariats avec des entreprises étrangères et communiquer sur sa technologie.
Mais au milieu des années 1990, la société voit rouge. Innovatron vit uniquement de projets développés notamment pour la RATP, de diverses applications liées à la carte à mémoire, mais surtout des importantes royalties (droits de licence) versées par les sociétés exploitant les brevets de Roland Moreno.
A la fin des années 90, le pôle industriel de la société compte 220 millions de pertes cumulées. Roland Moreno avouait au magazine L’Expansion : « C’est vrai, notre diversification dans l’industrie a été catastrophique. On a fait un boulot qui n’était pas le nôtre ». De plus, en cette même période, de nouvelles entreprises technologiques du secteur de la carte à mémoire (Ingenico, Gemplus et Schlumberger par exemple) prospèrent de manière spectaculaire. Innovatron survit aujourd’hui grâce aux droits sur la carte « sans contact », mais différents pans du Groupe Innovatron sont vendus.
La leçon à en tirer
Même si certains se plaisent à surnommer Roland Moreno « le Bill Gates à la française », il faut admettre que c’était loin d’être le cas. Certes, il était un inventeur incroyable, un « révolutionnaire » mais pas très bon gestionnaire d’entreprise. Pour permettre à une entreprise technologique de faire surface malgré une concurrence qui se développe et des brevets qui tombent dans le domaine public, il est conseiller de se rapprocher de consultants marketing expérimentés, qui peuvent vous accompagner notamment à mettre en place une stratégie marketing efficace pour faire face à vos concurrents, mais également pour accroitre votre chiffre d’affaires.
D’autre part, même si une innovation rencontre un franc succès – ici la carte à puce – il ne faut pas chercher à se diversifier à tout va sans étude de marché préalable. Une étude vous permet de déterminer des facteurs clés de succès ou des facteurs clés d’échec, définir des marchés potentiels, en bref : certains axes stratégiques essentiels à prendre pour que votre entreprise reste pérenne.